Les chasseurs du Pas-de-Calais massacrent un renard réfugié dans le salon d’une famille de Pronville

Dans le journal la Voix du Nord, on apprend qu’un vieux renard s’est introduit dans la maison d’une famille de Pronville, au sud d’Arras, dans le Pas-de-Calais, vendredi 8 août 2025. Au lieu d’être capturé pour être soigné et relâché, les chasseurs ont été dépêchés sur place pour le « neutraliser » (= l’abattre). Ils se sont ensuite servi de ce fait-divers, dans un post Facebook, pour tenter d’affoler la population sur les conséquences sanitaires de la dangereuse « expansion » du renard dans le département !

« La maman a eu la mauvaise surprise de tomber sur le nuisible en se réveillant », apprend-on de la bouche de la maire de la commune Isabelle Tournel, citée par le journaliste dans son article publié le 8 août

Le « nuisible » ?! C’est l’ancien statut administratif du renard, remplacé il y a quelques années par celui d’espèce « susceptible d’occasionner des dégâts » (seul le nom a changé, la cruauté reste la même), et qui permet aux chasseurs et aux piégeurs de le « détruire » (autre terme charmant employé par l’administration…) quasiment partout en France, 12 mois sur 12…

En désignant l’animal de la sorte, la maire de la commune ne fait que véhiculer les clichés haineux et habituels qu’entretiennent notamment les chasseurs à l’égard du petit canidé, régulièrement accusé, sans preuves, de mettre en péril « leur » « petit gibier ». De peur qu’on leur enlève le droit d’éliminer ce « concurrent » à leur funeste passion, les nemrods véhiculent en effet en permanence un discours anxiogène et diabolisant à l’encontre du pauvre petit prédateur : il bouffe les chats, décime les poulaillers, transmet des maladies, menace la biodiversité (!) et pullule dangereusement si rien n’est fait pour le réguler !….

Par naïveté, incompétence ou partialité assumée, la presse locale, hélas, a trop tendance à relayer sans discernement ces balivernes cynégétiques. Pire, par leur art de raconter les faits en les dramatisant, parfois, certains journalistes participent à amplifier la vision diabolisée des chasseurs…

Dans ce cas précis, le journaliste joue d’abord sur le tableau de la peur, en expliquant que pendant l’intervention, les enfants ont été « mis en sécurité » à la mairie », et que le père est resté enfermé dans une chambre à l’étage… Mais c’est surtout sa conclusion qui est la plus consternante : « Les renards sont souvent porteurs de maladies, ce qui conduit fréquemment à leur neutralisation » !

Sur sa page Facebook, la Fédération des chasseurs du 62 (présidée par Willy Schraen, le même qui est à la tête de la FNC) a d’ailleurs instrumentalisé ce fait-divers pour tenter d’effrayer la population sur les conséquences sanitaires de « l’expansion des renards » qui serait actuellement à l’oeuvre dans ce département : transmission de la gale et de l’échinococcose alvéolaire… Avec, pour illustrer son propos, un renardeau se nourrissant de ce qui semble être un lapin ou un lièvre ! Ne cherchez pas : l’abattage des renards pour contrer ces maladies n’est préconisé par aucun scientifique ni organisme sanitaire, la préoccupation première des chasseurs c’est uniquement leur petit gibier… Tout le reste n’est que prétexte !

Et c’est visiblement ce prétexte (risque sanitaire) qui a conduit à l’abattage du renard. Pourtant, l’article que nous apprend que l’intrusion du petit squatteur a mobilisé non seulement les chasseurs, mais aussi les pompiers, les gendarmes et un vétérinaire ! Il est incompréhensible que tout ce petit monde ait laissé les chasseurs décider seuls de l’issue macabre de cette affaire…

Difficile de savoir pourquoi le renard est entré dans la maison. Peut-être est-ce un individu devenu familier avec l’humain, car nourri par le voisinage, comme cela se passe souvent en milieu urbain ou péri-urbain. Rappelons que experts et les associations naturalistes déconseillent fortement de nourrir les animaux sauvages, quels qu’ils soient, pour éviter justement toute modification de leur comportement naturel et les conflits avec les humains.

Photo d’illustration © L’oeil de Guimouth