Le 13 mai 2025, le Conseil d’Etat a partiellement donné raison aux associations de protection des animaux sauvages (ASPAS, One Voice, LPO et autres) qui avaient contesté le dernier arrêté triennal du ministère de l’Ecologie qui détermine les « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD).
Etablie tous les 3 ans sur la base de « déclarations de dégâts » centralisées par les préfectures (dont la méthode est très contestée par les associations et le monde scientifique), la liste nationale des ESOD concerne 4 espèces de mammifères (belette, fouine, martre, renard) et 5 espèces d’oiseaux (étourneau sansonnet, corbeau freux, corneille noire, pie bavarde et geai des chênes). Une espèce qui a malchance de figurer parmi les « ESOD » peut ainsi être persécutée 12 mois sur 12 (tir, piégeage et même déterrage pour le renard), et ce sans limite de nombre.
L’arrêté ministériel attaqué par les associations couvrait la période 2024-2026.
Outre l’excellente nouvelle du déclassement total de la martre, ainsi que les déclassements partiels des fouines, étourneaux et de plusieurs espèces de corvidés, le renard a lui aussi vu son sort amélioré dans plusieurs départements, le juge reconnaissant notamment pour certaines communes de la Lozère, de l’Aveyron et de la Haute-Loire le rôle d’auxiliaire du petit prédateur pour les agriculteurs qui sont confrontés à des dégâts de campagnols dans leurs fourrages.
Dans 11 autres départements (Alpes-de-Haute-Provence, des Alpes-Maritimes, de l’Aude, des Bouches-du-Rhône, du Finistère, du Gard, du Jura, de la Loire, du Bas-Rhin, du Territoire de Belfort et du Val-d’Oise), la méthode très controversée du déterrage n’est plus admise pour tuer les renards.
Ces avancées ont notamment été saluées par l’ASPAS, association créée en 1980 et qui a fait de la réhabilitation du renard son emblème et l’un de ses combats les plus acharnés. Tout en rappelant, toutefois, que ce répit n’est hélas que temporaire, puisqu’un nouvel arrêté triennal devrait être adopté par le Ministère à partir du 1er juillet 2026. A moins que le gouvernement ne prenne en compte les recommandations de l’IGEDD* qui suggère, dans un rapport de parangonnage publié en février 2025, l’abandon pur et simple de la liste nationale des ESOD au profit d’une gestion plus pragmatique et localisée. A suivre…
*Inspection Générale de l’Environnement et du Développement Durable
