Loups, blaireaux et renards : une « misère » qui rendrait « impossible l’élevage en plein air », selon la chambre d’agriculture de Haute-Vienne…

Depuis plusieurs mois la présence d’un couple de loups reproducteurs sur le plateau de Millevaches, dans le Limousin, crispe une partie du monde agricole qui, dans cette région comme dans tant d’autres, est manifestement très loin de vouloir partager l’espace avec les grands prédateurs. Face au risque d’abattage, les associations sont montées au créneau, à commencer par Carduelis, qui a alerté sur la situation potentiellement unique de ces grands canidés sur le plan génétique s’ils venaient à se reproduire (le mâle étant de lignée germano-polonaise et la femelle de lignée italienne).

Déjà bien rétabli dans les Alpes depuis son retour spontané en provenance d’Italie au début des années 1990, le loup a beaucoup plus de mal à recoloniser d’autres territoires de l’Hexagone en raison d’une politique répressive qui, sous la pression des lobbies, privilégie quasi-systématiquement les abattages sur les solutions de protection des troupeaux. Depuis quelques années cependant, à la faveur de politiques de conservation menées par nos voisins, d’autres loups arrivent en France depuis l’Allemagne et la Belgique ce qui augmente les chances de brassage génétique et de dispersion de l’espèce.

Des données scientifiques que semblent nier les plus farouches opposants aux loups, à commencer par la Coordination rurale de la Haute-Vienne, département voisin de la Corrèze sur lequel s’étend une partie du Parc naturel régional des Millevaches. Ce syndicat agricole proche de l’extrême droite, qui s’était d’abord attirée les foudres des associations de protection de la nature par la diffusion d’affiches « WANTED » qui appelaient ouvertement au braconnage d’une espèce strictement protégée, s’est ensuite exposée aux moqueries des écologistes en prétendant, dans un communiqué daté du 10 mars 2025, que ces animaux avaient forcément été relâchés là par des « associations wokistes ». Plusieurs ONG se sont empressées de dénoncer la « désinformation » d’une telle déclaration, l’ASPAS la qualifiant même de « bêtise« .

Deux mois plus tard, alors que la tension a été ravivée par de nouvelles attaques de troupeaux dans le secteur, c’est désormais la Chambre d’agriculture 87 qui remet de l’huile sur le feu via un communiqué qui stigmatise non seulement les loups, mais aussi… les blaireaux et les renards. Ces animaux, qui ont le point commun d’être victimes en France de la très controversée chasse par déterrage, ont beau être connus pour manger principalement des fruits, des vers de terre et des micromammifères, ils ne seraient rien d’autre, selon la vice-présidente Emilie Pons auteure du texte, qu’une « misère qui rend impossible l’élevage de plein-air… ».

Heureusement pour les renards, tous les éleveurs sont loin d’adhérer à une déclaration aussi péremptoire et acceptent bien naturellement de partager l’espace avec le petit canidé : « en élevage conservatoire d’une centaine de moutons d’Ouessant depuis 26 ans, je n’ai pas de soucis de prédation sur les agneaux par le renard alors que mes animaux sont élevés en plein air jour et nuit tout au long de l’année sur plusieurs hectares », déclarait par exemple Dominique, cité dans un article publié par l’ASPAS en 2022.

Quant aux prétendues attaques de blaireaux sur de jeunes agneaux – argument étonnant parfois brandi par les chasseurs pour justifier le déterrage de cette espèce – elles ne sont documentées par aucune preuve sérieuse, d’après les associations qui obtiennent régulièrement gain de cause contre la vénerie sous terre devant les tribunaux.