Renards en Saône-et-Loire : une association locale appelle le préfet à stopper le massacre

En Saône-et-Loire comme dans une très grande majorité de départements français, c’est la double-peine pour les renards : non seulement ils sont victimes de la chasse de loisir, mais ils peuvent aussi subir des coups de fusil hors saison de chasse, des pièges posés 12 mois sur 12 et aussi de parties de déterrage, directement au terrier, en vertu de la réglementation spécifique liée aux « espèces susceptibles d’occasionner des dégâts » (ESOD).

Qu’elles soient locales ou nationales, de nombreuses associations, arguments scientifiques à l’appui, dénoncent cet acharnement cruel et sans fin à l’égard du goupil pour qu’enfin, le petit canidé soit respecté et protégé par la loi, comme c’est le cas depuis longtemps dans plusieurs pays voisins de la France.

Alors que localement le Conseil d’Etat vient d’offrir un peu de répit aux renards, en donnant partiellement raison à l’ASPAS et à One Voice qui avaient attaqué le dernier arrêté triennal du ministère de l’Ecologie relatif aux ESOD, l’Association Ornithologique et Mammalogique de Saône-et-Loire (AOMSL) a annoncé avoir interpellé les services de la préfecture sur la gestion de l’animal dans ce département.

« Une guerre acharnée contre le renard »

Leur communiqué, repris par des journaux locaux tels Le JSL (via un article rangé dans la rubrique « culture-loisirs »…) et Creusot Infos, déplore qu’ « en dépit de son rôle essentiel au bon fonctionnement des écosystèmes, l’État mène une guerre acharnée contre le renard ».

Et de pointer du doigt l’argument « fallacieux » de « la régulation » qui, selon l’AOMSL, « n’a guère de sens sans connaissance de l’état des populations, de leur répartition, du taux de renouvellement et du nombre des destructions pratiquées ». Autrement dit, avant de savoir combien de renards réguler, il faudrait déjà savoir combien de renards vivent dans le département…

L’AOMSL aurait pu aller encore plus loin, et expliquer pourquoi la régulation des renards, à moins de les exterminer tous, apparaît de toute façon totalement inutile. En effet, comment l’expliquent les scientifiques, l’espèce, comme tous les prédateurs, est territoriale et s’auto-régule d’elle-même en fonction de la quantité de proies disponibles. Cela semble bien avoir été démontré au Luxembourg, par exemple, un pays qui a interdit la chasse aux renards depuis presque 10 ans sans qu’une quelconque augmentation anormale de la population vulpine ait pu être notée. Mieux que cela : en 2024, le Grand-Duché annonçait même une amélioration de la situation sanitaire suite à l’arrêt de la chasse, après avoir constaté une baisse du nombre de renards porteurs du ténia (échinococcose alvéolaire).

En attendant que les mentalités évoluent en France, l’AOMSL a demandé à la DDT de lui fournir « un bilan précis des destructions autorisées et pratiquées en Saône-et-Loire ». Commencer par savoir combien de renards sont effectivement massacrés chaque année, cela paraît en effet être un bon début… Des chiffres qui, en plus de rendre compte de l’ampleur des abattages, permettraient certainement de mieux dénoncer leur inutilité.